une vache vaut 260 litres de fuel

Publié le par Berthoux Antoine



Tout le monde est aujourd'hui convaincu de l'intérêt du biogaz en agriculture. Le faible prix du rachat de l'électricité, issue de ces installations, nuit pourtant à son développement. Alors que l'on dénombre plus de 5.000 installations de biogaz à la ferme en Europe, dont plus de 70 % en Allemagne, les installations françaises en activité se comptent sur les doigts d'une main. Une à Migneville en Meurthe et Moselle, une autre à Ondet dans les Ardennes... et des projets qui foisonnent un peu partout en France comme à Jarny, près de Metz, où le traitement du lisier d'une quarantaine d'agriculteurs devrait permettre de chauffer la piscine et des bâtiments communaux. Sur le papier, le biogaz semble être une bonne affaire : « Par simple fermentation du lisier, une seule vache peut produire 425 m3 de biogaz, soit 2550 kWh d'énergie brute, l'équivalent de 260 l de fuel » explique Nathalie Viard, chargée de mission à Trame, qui organisait un colloque sur le sujet. Des installations également « tout bénéfice » pour l'environnement puisqu'une unité de méthanisation permettrait de réduire par 7 les émissions de gaz à effet de serre d'un élevage. Non seulement le biogaz évite l'émission de CO2 d'origine fossile, mais il diminue les quantités de méthane émises au cours du stockage des effluents d'élevage. Le méthane est un gaz à effet de serre avec un pouvoir de réchauffement 20 fois plus important que le CO2 ! Un gisement de 3 à 4 millions de tonnes équivalent pétrole

La France, avec 300 millions de t/an de déjections animales issues des élevages, détient le plus gros potentiel de production de biogaz en Europe. Il est estimé à 364 millions de tonnes équivalent pétrole/an, soit le chauffage de 225.000 foyers. Alors pourquoi les installations actuelles sont-elles si réduites en France ? « A cause d'un tarif de rachat de l'électricité trop bas » estiment les professionnels du biogaz. Le biogaz alimente un module de cogénération qui produit de la chaleur (45 %) et de l'électricité (35 %). Or les coûts actuels du rachat de cette électricité, par EDF, ne permettent pas de rentabiliser des investissements et des frais de fonctionnement élevés. En France, ce prix est de 5 c€/kWh électrique alors qu'il est de 18 cts en Allemagne. Objectif : 16 c€/kWhe Ces tarifs sont fixés par une Commission de Régulation de l'Energie.
La FNSEA, qui a obtenu cette année l'autorisation de siéger au sein de cette commission, plaide pour un prix de 16 c€/kWhe. Un prix nécessaire pour rentabiliser des installations, sans subventions. « On sent une volonté d'avancer, la prochaine réunion de la Commission, le 27 avril, devrait nous permettre d'y voir plus clair », estime Laurent Paquin, responsable de la mission Biogaz au sein de la FNSEA. Autre piste : la valorisation des réductions des émissions de gaz à effet de serre, à travers la mise en place de « projets domestiques ». A l'instar de ce qui existe pour les industries, la réduction des émissions pourrait donner lieu à l'attribution de « crédits carbone », sous forme de paiement direct ou de prêts bonifiés. De tels projets ont déjà abouti en Nouvelle Zélande, en Australie, au Canada et aux Etats-Unis.
Sophie Caron
source : pleinchamp.com
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